Bonjour Houriya, je crois qu'il ne faut jamais envoyer une lettre à une dame sans ornement, sans carte postale...
Je me permet d'ajouter une petite pièce jointe à cette messive:
"Depuis que Bouazizi s’est immolé, incarnant la petite goutte qui a fait déverser le vase de la révolution, les insoumis des pays « arabes » se sont soulevés contre un autoritarisme du pouvoir dont les deux mamelles sont et resterons : corrompre l’élite et matraquer le peuple … malheur pour moi, ça s’est déclenché deux mois après que j’aie fait ma révolution passive en fuyant l’indigence et l’incompétence des hôpitaux de mon pays pour me faire une belle année de formation un peu plus au nord …
Parmi ces insoumis, le corps médical marocain s’est soulevé contre les responsables de la santé au Maroc : des sadiques, à personnalités narcissiques, à caractère psychotique, qui perçoivent la populace à travers leurs lunettes commandées de chez Alain Afflelou comme des « Gremlins » qui ne trouvent plus rien d’intéressant à faire que de se multiplier ou de tomber malades pour venir congestionner « leurs prestigieux hôpitaux » … Ces mégalos, avec leur trouble de perception, perçoivent les étudiants en médecine, les médecins internes et résidents en blouse blanche comme des anges qui n’ont besoin ni de logement, ni de transport, ni de conjoint(e), ni d’enfants, ni de nourriture ; parce que comme les anges de la miséricorde, ils vivent d’amour et d’eau fraiche et se nourrissent des invocations de la populace et finissent par s’évaporer quand ils sortent de l’hôpital pour regagner les cieux en attendant le travail angélique du lendemain … les anges de la miséricorde, créés de lumière, ne tombent jamais malades et ne cherchent qu’à satisfaire le bon dieu, c’est pour cela que les mégalo-sado-psycho-narcissiques ne leurs attribuent ni assurance, ni rémunération, ni récupération, ni doctorat d’état … si si 2700 DH les internes, 3000 DH pour les résidents non contractuels et 160 DH pour les étudiants en médecine au cas où ils tombent amoureux de terriens à force de les côtoyer sur le terrain et veulent leur offrir des roses, du chocolat, payer l’addition d’un somptueux diner aux chandelles ou de passer un week-end dans l’une des belles citées des anges – f l7lal et pas plus qu’une fois par mois bien sur
[Nderbou le7ssab : une rose : 10 Dh, Boite de chocolat : 100 dh, Diner : 500 dh, Week-end : 1500 dh … donc … 10 x 10 + 100 + 500 + 1500 = 2200, m3a taxi kbir tal bouzni9a w taxi sghir tal l’hotel w chi jouj kherjate l chi 9ehwa 7da lb7er : hiya hadik 2700 dh : le salaire d’un interne, et deux rentrées à la piscine pour compléter le salaire du résident, pour l’étudiant en médecine : Tekber w Tenssa]
Les étudiants en médecine ont partiellement cru à cette conception angélique de ce métier depuis qu’ils ont mis les ailes à la faculté … ébloui par les discours de leurs professeurs leurs désignant comme « la crème de la crème de la société » ou le regard fier de leurs famille et leurs entourage, puis surpris par la sacralité dont ils sont auréolés auprès des patients ; l’envie d’atténuer les maux et remédier aux maladies de ce misérable peuple qui leurs fait confiance n’a fait qu’accroître … ils ont donc sacrifié le printemps de leurs vie à winzipper toute la connaissance médicale dans leurs cervelles puis essayer de l’appliquer dans des établissements de santé qui vont à l’encontre de ce qu’ils ont appris … 8 ans plus tard, les familles des anges, leurs ami(e)s, leurs voisins, leurs professeurs et tout ceux qui les ont soutenu depuis leurs première année se sont réunis joyeusement, les larmes aux yeux, pour célébrer finalement la naissance du Toubib … un jour émouvant, historique, où l’on jure devant dieu de garder le secret médical, de sacrifier l’été puis l’automne puis l’hiver de ce qui reste de la vie pour dieu, la patrie et le peuple … un jour où l’on célèbre solennellement la naissance du médecin mais où l’on commémore silencieusement, inconsciemment et subtilement la mort de l’ange.
L’ange est mort, il est devenu humain … il est devenu médecin en chômage … il découvre son humanité quand il se réveille angoissé toujours dans le même lit de son adolescence chez ses parents … il découvre son humanité quand il confronte pour la première fois l’obscurité de son futur et l’uniformité des choix, parce qu’il n’a pas les moyens d’ouvrir un cabinet privé de médecine générale, et puis il veut aller de l’avant, il veut devenir spécialiste, il veut devenir professeur, il est jeune, ambitieux et il ne veut pas se poser des barrière d’emblée … il découvre son humanité quand il ressent le besoin de sa famille qui a tout donné pour qu’il l’honore devant tout le monde … il découvre son humanité quand il ressent l’incapacité de se marier avec celle que son cœur a inconsciemment choisi … il découvre son humanité quand il ressent la solitude dans les café du Maroc à lire Al Massae w Saba7 w Lmountakhab ou à remplir les grilles du Sudoku, des mots croisés et/ou les formulaires de l’immigration au canada, au Etats-Unis et à l’Australie … il découvre finalement son humanité quand il ressent encore une fois l’amère obligation de réapprendre les feuilles qu’il a écrit au cours des 8 dernières années pour passer des concours indispensables … le médecin renonce à la conception angélique du métier qui n’existe que dans l’imaginaire des mégalo-sado-psycho-narcissiques qui l’instrumentalise diaboliquement pour gagner sur le dos de ces « petits anges » du gros pognon.
Le médecin en chômage, pré-trentenaire, rassemble ses forces pour continuer son combat et lutter pour atteindre son but … il s’est toujours vu spécialiste, le bistouri à la main en salle de bloc opératoire ou avec un diapason en consultation spécialisée de neurologie ou avec un ophtalmoscope dans un box d’ophtalmo … il décide de préparer le concours de spécialité pour servir son pays comme il l’a toujours souhaité, défiant ses besoins biologiques et psychologiques, les besoins financiers de sa famille – la plupart des étudiants en médecine sont issus de familles modestes – parce qu’il sait que son salaire minable de résident ne lui permettra même pas à la subvention d’utilités élémentaires sauf si l’ange devenu humain se noircira encore plus en vendant des certificats ou en drainant les malades vers les cliniques privées … il décide de mener le combat coûte que coûte pour contempler le rêve de sa vie même s’il sait – il a déjà fait des stages à l’hôpital – qu’il aura affaire à des mégalo-sado-psycho-narcissiques qui vont le ridiculiser quotidiennement et l’humilier astucieusement pour casser sa volonté de changer les choses et lui faire accepter le système tel qu’il est … leurs systèmes … il décide de s’armer de patience et de croyance en dieu pour pouvoir travailler dans des conditions mortelles, avec un salaire pitoyable, entre un peuple pauvre et illettré et des supérieurs mégalo-sado-psycho-narcissiques.
Il n’a pas le choix. Il n’a pas de quoi ouvrir un cabinet. Il veut devenir spécialiste. La France à claqué la porte devant les magrébins – de 170 postes avant NS « nicolas sarkozy » à une vingtaine de postes après NS – pour privilégier les médecins de l’Europe de l’est nouvellement adhérés à l’union européenne. L’Angleterre a claqué la porte aussi devant les magrébins après les attentats de Glasgow. L’Espagne exige une année de langue, l’Allemagne aussi, la suisse est ambigu, le canada exige une immigration et des examens payants à passer, les USA et l’Australie aussi. Pré-trentenaire, il ne veut pas encore perdre des années pour tenter quelque chose qui n’est pas sûre … l’exercice de la médecine est prometteur dans ces pays mais il n’a ni l’envie ni l’argent ni le temps pour aller s’aventurer ailleurs. il passe le concours au Maroc.
Après des mois de préparations, l’ange humanisé a réussi au concours. Il est des rares personnes qui ont choisi la spécialité dont ils ont toujours rêvé. Il adhère à un service. Un jour historique pour lui. Il célèbre solitairement et joyeusement la naissance du petit chirurgien en lui mais il commémore silencieusement, inconsciemment et subtilement la mort de l’humain.
Tout ce qui suivra est noirceur, laideur, diabolisation, incompétence, crime, pauvreté, indigence, catastrophe et bouleversement. Le Médecin résident commence à développer à l’hôpital des mécanismes diaboliques pour se défendre contre l’environnement infernal qu’il a choisi. Il n’a pas le choix. Il doit continuer. Continuer avec un salaire de 3000 Dh et sans assurance maladie même s’il risque à tout moment de choper le SIDA ou l’hépatite puisqu’il passe ses 5 ans de spécialités à opérer des drogués, des toxicomanes ou des prostituées aux urgences. Continuer sans prime de garde ni récupération. Continuer dans un hôpital qui tue et où la populace paye très cher pour une qualité de soins médiocre … Continuer avec un doctorat de médecine générale qui n’est véritablement qu’un master qu’il aurait pu avoir à 20 ans, juste avec un bac +2 Continuer … mais où ? … tout ce qui suivra est bizutage qu’on a subit pour nous faire avaler la pilule bleue et nous exploiter pour maintenir le statut quo … Continuer … on n’a pas pu continuer.
Je n’ai pas pu continuer, donc j’ai pris une année de ma vie pour subir une réhabilitation professionnelle à Bruxelles … c’était avant Bouazizi … mais Depuis que Bouazizi s’est immolé, incarnant l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, ceux qui n’ont pas eu la chance de traverser la méditerranée l’année dernière ont pris les choses en main … les temps ont changé, on ne fuit pas maintenant, on affronte, on revendique, on arrache les droits civilement et pacifiquement … le médecin est sorti à la rue pour raconter son vécu et crier sa souffrance … le médecin en colère est sorti à la rue pour se réconcilier avec soi-même et ses rêves … il est sorti pour retrouver le regard fier de sa famille qui a été déçu … il est sorti pour donner de la valeur à tout ce qui intéresse l’être humain dans un pays superbement maquillé pour l’étranger mais horriblement défiguré pour les siens … le médecin est sorti pour retrouver sa dignité et celle de son patient … il est sorti pour valoriser son diplôme, récupérer le pain qui a été enlevé de sa bouche, humaniser et civiliser ses conditions de travail et offrir à son malade le droit de se soigner dignement et gratuitement.
Il est sorti à la rue … Il ne savait pas qu’en faisant cela, il était entrain de mettre les intérêts des Mégalo-sado-psycho-narcissiques en danger. Cela est un danger pour le privé. Cela est un danger pour la populace qui risquerait de s’élever au dégrée des êtres humains. Cela est dangereux pour les médecins aussi qui vont s’auto-suffire et commencer à chercher et à inventer et peut être passer à d’autres choses encore plus dangereuses puisqu’ils font partie des plus instruits de la société. C’est un danger parce que les enseignants et les avocats vont suivre. Cela est un danger pour beaucoup de pays qui misent sur le tiers monde pour faire tourner leur roulette technologique et scientifique
il est sorti le 25 mai, en colère, en blouse blanche rejoignant plus de 7000 autres confrères, tous dégoutés et qui n’ont plus rien à perdre maintenant après l’atteinte à leurs dignité … après que « Yasmina » les a, en plus, traité de personnes dénués de citoyenneté … ils sont sorti, mais ils ont été surpris par les bulldogs et les pitbulls des Mégalo-sado-psycho-narcissique entrain de les attendre pour maintenir le « désordre » . Les médecins - baccalauréat plus 13 ans d’études supérieurs - ont été terriblement matraqués par les forces du « désordre » causant plus de 40 blessés dont une fracture du col du fémur qui nécessite une prothèse totale de la hanche et deux autres traumatisés crâniens … Deux médecins, le Dr Hekko et le Dr Lach’heb qui ont été les ambassadeurs du Maroc lors des attaques sionistes sur le Liban en 2006 et sur Gaza en 2009, qui ont été accueilli avec des fleurs là-bas ont eu la pire honte de leurs vie dans leurs propre pays en subissant des coup de matraques et de brodequins de la part de décervelés qui ne savent qu’obéir aux ordres même si cet ordre est de tabasser celui qui a soigné un jour ses parents, ses enfants ou soi-même.
Le 25 mai 2011 est un jour historique dans la vie de tous les médecins marocains, le jour où le médecin a fait le diagnostic de ce qui représente aux yeux de l’état … le jour de la sous-estimation, de l’humiliation du médecin marocain … en vérité, on était entrain de commémorer silencieusement, inconsciemment et subtilement la naissance du médecin marocain.
Malheur pour moi, je n’ai pas partagé avec eux ni la marche blanche ni la marche de la colère … malheur pour moi, je me sens comme un traitre à notre cause, entrain de profiter de tout ce que nous n’avons pas dans un pays qui n’est pas le mien … Heureusement pour moi que 30 % des patients du service sont d’origines marocaines avec lesquels je me réjouis à chaque fois que je leur présente un service de santé de qualité dans un établissement respectueux et respectable … heureusement pour moi que je n’ai pas coupé le fil avec les « Allah Yer7em Lwalidine » que j’entend quotidiennement de la part d’un peuple qui a été obligé d’immigrer pour préserver sa dignité … l’hôpital regorge de marocains, qu’ils soient des malades, des infirmiers ou des médecins … c’est ce qui m’apaise à chaque fois que je pense à mon pays en crise nécessaire … c’est comme si dieu me fait signe, quand je soigne un « Tanjawi » aux urgences ou un « Rifi » au service, à quoi mon Maroc va ressembler quand tous les Mégalo-sado-psycho-narcissiques vont foutre le camp … un signe d’une victoire très proche et d’un Maroc nouveau. "
Par Aymane source:
http://boubouh.over-blog.com/article-mon-annee-bruxelloise-10-l-histoire-d-un-medecin-matraque-74787003.html